UNE PAGE D'AMOUR

 

 Préface à l'Edition illustrée de 1884 :

" Dès ma vingtième année, j'avais rêvé d'écrire un roman dont Paris, avec l'océan de ses toitures, serait un personnage, quelque chose comme le chœur antique. Il me fallait un drame intime, trois ou quatre créatures dans une petite chambre, puis l'immense ville à l'horizon, toujours présente, regardant avec ses yeux de pierre rire et pleurer ces créatures. C'est une vieille idée que j'ai tenté de réaliser dans Une Page d'Amour."

 Cette idée reste absente des listes et des plans de 1886 et 1869, aussi bien que du premier arbre généalogique des futurs Rougon-Macquart, dressé vers la même époque. Ursule Mouret, avant 1870, ne se voit attribuer que deux enfants : Silvère (personnage principal de La Fortune des Rougon) et François (La Conquête de Plassans).

Il faut attendre 1872 pour voir apparaître sur une nouvelle liste de romans le nom d'une Agathe Mouret, associée à un "roman sur la rente viagère" : cette Agathe Mouret conservera son prénom pendant la première époque de la genèse d' Une Page d'Amour, avant de le troquer contre celui d'Hélène. Mais de rente viagère, point.

NOTE, Paris, 2 avril 1878 :

Je me décide à joindre à ce volume l'arbre généalogique des Rougon-Macquart. Deux raisons me déterminent.

La première est que beaucoup de personnes m'ont demandé cet arbre. Il doit, en effet, aider les lecteurs à se retrouver parmi les membres assez nombreux de la famille dont je me suis fait l'historien. La seconde raison est plus compliquée. Je regrette de n'avoir pas publié l'arbre dans le premier volume de la série, pour montrer tout de suite l'ensemble de mon plan. Si je tardais encore, on finirait par m'accuser de l'avoir fabriqué après coup. Il est grand temps d'établir qu'il a été dressé tel qu'il est en 1868, avant que j'eusse écrit une seule ligne ; et cela ressort clairement de la lecture du premier épisode, La Fortune des Rougon, où je ne pouvais poser les origines de la famille sans arrêter avant tout la filiation et les âges. La difficulté était d'autant plus grande que je mettais face à face quatre générations, et que mes personnages s'agitaient dans une période de dix-huit années seulement. La publication de ce document sera ma réponse à ceux qui m'ont accusé de courir après l'actualité et le scandale. Depuis 1868, je remplis le cadre que je me suis imposé, l'arbre généalogique en marque pour moi les grandes lignes, sans me permettre d'aller ni à droite ni à gauche. Je dois le suivre strictement, il est en même temps ma force et mon régulateur. Les conclusions sont toutes prêtes. Voilà ce que j'ai voulu et voilà ce que j'accomplis. Il me reste à déclarer que les circonstances seules m'ont fait publier l'arbre avec Une page d'amour, cette oeuvre intime et de demi-teinte. Il devait seulement être joint au dernier volume. Huit ont paru, douze sont encore sur le chantier ; c'est pourquoi la patience m'a manqué. Plus tard, je le reporterai en tête de ce dernier volume, où il fera corps avec l'action. Dans ma pensée, il est le résultat des observations de Pascal Rougon, un médecin, membre de la famille, qui conduira le roman final, conclusion scientifique de tout l'ouvrage. Le docteur Pascal l'éclairera alors de ses analyses de savant, le complétera par des renseignements précis que j'ai dû enlever, pour ne pas déflorer les épisodes futurs. Le rôle naturel et social de chaque membre sera définitivement réglé, et les commentaires enlèveront aux mots techniques ce qu'ils ont de barbare. D'ailleurs, les lecteurs peuvent déjà faire une bonne partie de ce travail. Sans indiquer ici tous les livres de physiologie que j'ai consultés, je citerai seulement l'ouvrage du docteur Lucas : L'Hérédité naturelle, où les curieux pourront aller chercher des explications sur le système physiologique qui m'a servi à établir l'arbre généalogique des Rougon-Macquart. Aujourd'hui, j'ai simplement le désir de prouver que les romans, publiés par moi depuis bientôt neuf ans, dépendent d'un vaste ensemble, dont le plan a été arrêté d'un coup et à l'avance, et que l'on doit par conséquent, tout en jugeant chaque roman à part, tenir compte de la place harmonique qu'il occupe dans cet ensemble. On se prononcera dès lors sur mon oeuvre plus justement et plus largement.

ÉMILE ZOLA.

 

Personnages du roman :

Hélène Mouret

Jeanne Grandjean

 

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